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Les cheminées à l’éthanol sont-elles dangereuses pour votre santé ?

La question mérite d’être posée, car ces foyers séduisent par leur simplicité d’installation et leur esthétisme. Contrairement à un poêle à bois ou une cheminée traditionnelle, elles n’exigent pas de conduit, produisent de belles flammes et ne laissent ni cendres ni suies. Mais cette absence de conduit soulève une inquiétude légitime : les émissions produites lors de la combustion restent dans l'air. Alors, faut-il craindre pour sa santé ?


La réponse est nuancée. Oui, les cheminées à l’éthanol et au bioéthanol émettent des polluants, parfois à des niveaux non négligeables. Cependant, avec un usage prudent et une bonne aération, ces dangers peuvent être contenus et restent acceptables pour un usage domestique ponctuel.


Quelles sont les inquiétudes courantes concernant les cheminées à l’éthanol ?


Voyons quelles sont les principales craintes émises sur les forums et autres avis laissés :


« Ça va polluer l’air intérieur » Beaucoup pensent qu’un feu, même à l’éthanol ou au bioethanol, génère des substances toxiques — fumées, particules fines, gaz irritants — et que dans un espace fermé cela devient dangereux.

« Le CO, le monoxyde de carbone » Le monoxyde de carbone (CO) est souvent cité comme une menace dans tous les systèmes de combustion. On craint qu’une cheminée à l’éthanol en produise et que cela empoisonne les occupants.

« Des produits chimiques volatils, formaldéhyde, benzène, etc. » Certains craignent que le combustible contienne des additifs ou impuretés qui, lors de la combustion, libèrent des composés organiques volatils nocifs (COV), des aldéhydes, du benzène, etc.

« La flamme est dangereuse, le carburant est inflammable » Le danger de brûlure, d’incendie ou de « flamme jaillissante » (flame jetting) est redouté, surtout lorsque une personne verse du carburant dans une cheminée encore chaude ou non totalement éteinte.

« On consomme de l’oxygène et on produit du CO₂ — ça “étouffe” la pièce » On s’inquiète que dans un espace mal ventilée, le feu « pompe » l’oxygène, que le dioxyde de carbone augmente, rendant l’atmosphère pénible, voire insalubre.

« On dit qu’il n’y a pas de conduit — comment évacuer les polluants ? » Le fait qu’il n’y ait pas de conduit pour évacuer les fumées ou gaz renforce l’inquiétude : tout ce qui est émis reste dans la pièce… et peut donc s’accumuler.

« Les études scientifiques montrent des excès » Beaucoup d’utilisateurs voient ou entendent parler d’études mesurant des dépassements de seuils — et se disent que ce genre d’élément « décoratif » ne devrait pas être permis où il y a un risque avéré.

Ces craintes à l'encontre des cheminées bioéthanol sont tout à fait légitimes. Elles reflètent à la fois un bon sens de la prudence et la difficulté de s’y retrouver face à des discours très variés (fabricants très rassurants, critiques alarmistes, avis utilisateurs…). Notre travail ici est de peser les preuves et vous donner une vision nuancée mais pragmatique.


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Que montrent les études à propos du danger des cheminées à l’éthanol

Pour dépasser les idées reçues, tournons-nous vers les données. Plusieurs équipes ont étudié les foyers à l’éthanol en conditions contrôlées. Leurs résultats permettent de mieux comprendre ce qui est réellement émis et dans quelles proportions.

Étude de Schripp et al. (2014)

Dans une chambre d’émission de 48 m³, différents modèles ont été testés. Les chercheurs ont observé des niveaux de CO₂ et de NO₂ parfois supérieurs aux valeurs guides. Ils ont aussi détecté des pics de benzène dépassant 12 ppb et des concentrations de formaldéhyde supérieures à 0,1 ppm. Enfin, les équipements ont libéré une quantité notable de particules fines et ultrafines, directement dans l’air intérieur.


Étude de Habarta et al. (2018)

Cette recherche a mesuré plusieurs polluants, selon des combustibles liquides et gels. Les concentrations de CO₂ ont atteint jusqu’à 7 330 ppm, bien au-delà du seuil recommandé de 1 000 ppm pour un air confortable.


Le NO₂ variait entre 230 et 780 µg/m³, alors que l’OMS fixe la limite à 200 µg/m³. L’acétaldéhyde, mesuré entre 150 et 570 µg/m³, dépassait également les valeurs de référence. Les combustibles en gel libéraient aussi beaucoup de benzène.


L’étude a aussi confirmé la présence importante de particules ultrafines. Même les modèles récents restent donc sources de polluants notables.


Étude mandatée par l’Union Européenne (2015)

L’UE a testé six cheminées à alcool sans conduit, avec divers carburants et conditions de ventilation. Les résultats ont été comparés aux limites réglementaires d’exposition.

Selon la puissance, le type de combustible et le renouvellement d’air, les émissions pouvaient approcher, voire dépasser certains seuils jugés acceptables. Le rapport a même proposé un modèle simple pour estimer la pollution selon le volume de la pièce et la ventilation.


Étude de Nozza et al. (2016)

Des chercheurs du Politecnico di Milano ont analysé les émissions pendant et après la combustion. Ils ont montré que la conception du brûleur influençait fortement la quantité de polluants dégagés.


Même lors d’un fonctionnement normal, les niveaux de CO, de NOₓ et de COV restaient mesurables. Les auteurs estiment que ces appareils devraient respecter des normes similaires à celles des systèmes de chauffage traditionnels.


Études complémentaires

Une étude comparative menée en 2013 a placé les cheminées à l’éthanol au même niveau que les poêles à bois en termes de pollution de l’air intérieur. La combustion est plus “propre” visuellement, mais elle reste loin d’être neutre.


D’autres travaux se sont concentrés sur la sûreté. Guillaume (2013) a décrit le risque d’accidents, notamment les brûlures liées au remplissage du réservoir. Les pompiers britanniques (DS Fire) rappellent que la plupart des incidents surviennent quand le foyer est encore chaud.


Aux États-Unis, la Commission de sécurité des produits de consommation (CPSC) a recensé deux décès et plusieurs dizaines de brûlures graves entre 2019 et 2024. La cause : des dispositifs de feu à alcool mal conçus et utilisés sans précaution.


Notre analyse critique sur ces études

Les résultats des études doivent être lus avec prudence. Les conditions expérimentales ne reflètent pas toujours la réalité d’un usage domestique. Dans les laboratoires, les cheminées sont testées dans des chambres fermées, avec une ventilation minimale et souvent à pleine puissance. Ces scénarios accentuent les émissions par rapport à une utilisation modérée, dans un salon aéré.


La variété des modèles complique aussi l’analyse. Chaque cheminée est conçue différemment, et la qualité du brûleur ou du carburant joue un rôle majeur. L’étude du Politecnico di Milano (Nozza, 2016) a montré que certains appareils émettaient bien moins que d’autres grâce à leur conception.


Autre limite, la temporalité. Les mesures portent souvent sur des pics ponctuels ou des périodes courtes. On sait donc moins bien ce qu’il en est lors d’un usage intermittent, dans un logement où l’air est régulièrement renouvelé.


Il faut aussi replacer ces émissions dans leur contexte. Une maison - comme un appartement - contient déjà des polluants issus de la cuisson, des matériaux ou même de simples bougies parfumées. Dans un intérieur bien ventilé, la part liée à la cheminée peut rester secondaire.

Retenons aussi que les seuils retenus varient selon les pays.


Une valeur considérée excessive en Allemagne peut être jugée tolérable ailleurs. Les comparaisons doivent donc être nuancées. À cela s’ajoute une distinction notable : les études se concentrent sur la pollution de l’air, mais les risques d’accident — brûlures, incendies ou flammes jaillissantes — relèvent d’un autre registre, lié à la manipulation du carburant.


Si l’on devait synthétiser la lecture de ces études on pourrait dire que, oui, les cheminées à l’éthanol émettent bel et bien des polluants. Mais ces émissions deviennent réellement préoccupantes dans des conditions défavorables. Avec un équipement fiable, une ventilation régulière et un usage prudent, l’exposition peut rester limitée.


Notre avis sur la dangerosité des cheminées à l’éthanol

Après avoir examiné les données et confronté les arguments, voici ce que l'on peut vous dire en toute transparence à propos du danger de ce type de chauffage au bioethanol.

Les aspects positifs

  1. Une cheminée à l’éthanol ou au bio éthanol a d’abord un atout indéniable : son charme visuel. Les flammes créent une ambiance chaleureuse et l’installation est bien plus simple que celle d’un conduit classique.

  2. Elle ne dégage ni fumée épaisse, ni suie, ni cendres. Cela rend son entretien facile, et c’est ce qui séduit de nombreux utilisateurs. La combustion de ce carburant bio paraît “plus propre” que celle du bois, même si cela ne signifie pas absence totale de polluants.

  3. Si vous choisissez un foyer de qualité, associé à un carburant adapté et à une bonne ventilation, l’exposition aux émissions reste modérée. Dans ces conditions, l’usage ponctuel demeure acceptable pour la plupart des foyers.

  4. Le véritable risque ne réside pas dans un empoisonnement massif, mais dans des situations précises : un remplissage du réservoir mal effectué, une pièce trop fermée ou un appareil défectueux.

Les zones de vigilance

  1. Il faut toutefois garder à l’esprit que ces cheminées rejettent directement dans la pièce du CO₂, des NOₓ, des COV, ainsi que du formaldéhyde et du benzène. Sans conduit d’évacuation, tout reste dans l’air que vous respirez.

  2. Dans une pièce mal ventilée, les concentrations peuvent rapidement dépasser les seuils recommandés pour un air intérieur sain. La vigilance est donc indispensable.

  3. L’étape la plus risquée reste celle du remplissage du réservoir. Verser du carburant alors que le brûleur est encore chaud peut provoquer des projections ou une flamme soudaine. C’est lors de ces manipulations que surviennent la plupart des accidents graves.

  4. Un autre point mérite d’être souligné : le décalage entre les promesses marketing d’une “combustion propre à 100 %” et la réalité mesurée par les chercheurs. Les résultats scientifiques incitent à rester prudent.

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Nos conseils pratiques pour minimiser les risques lorsque vous utilisez une cheminée à l’éthanol ou bio éthanol

Voici des recommandations précises, étape par étape, pour utiliser une cheminée à l’éthanol en minimisant les dangers pour la santé (et la sécurité incendie) :


  • Choisir un appareil fiable et bien conçu

Optez pour des marques reconnues, certifiées, avec des dispositifs de sécurité intégrés (fermeture automatique, contrôle de dosage, bouche d’extinction).

Préférez les appareils avec brûleur fermé ou contrôlé (moins de surface de contact liquide/air) — le design affecte fortement les émissions. (Nozza et al.)

Assurez-vous que l’appareil respecte les normes de sécurité applicables dans votre pays, ou des certifications (CE, labels, etc.).

Choisissez un carburant de qualité, sans impuretés, de préférence « pure éthanol dénaturé » spécifié pour cheminées — évitez les mélanges douteux.

  • Placement et dimensionnement

Installez l’appareil dans une pièce suffisamment grande. Ne l’enfermez pas dans une petite pièce sans ventilation.

Vérifiez que le volume d’air de la pièce est suffisant pour diluer les émissions et renouveler l’oxygène.

Laissez un dégagement (distance de sécurité) autour du foyer par rapport aux meubles, rideaux, objets inflammables.

  • Ventilation et renouvellement de l’air

C’est sans doute l’élément clé à surtout ne pas omettre :

Maintenez une ventilation continue : soit une micro-ventilation (grille d’entrée d’air), soit une ventilation mécanique contrôlée (VMC) efficace.

Ouvrez une fenêtre (ne serait-ce qu’un léger entrebâillement) pendant l’utilisation, surtout en début d’allumage.

Si possible, installez un extracteur d’air ou une hotte pour évacuer l’air vicié.

Surveillez la concentration de CO₂ ou utilisez un capteur de qualité de l’air ou de CO (monoxyde).

Faites renouveler l’air au minimum quelques minutes toutes les heures, surtout dans les pièces plus petites.

  • Usage correct du carburant / remplissage

Jamais de remplissage du réservoir quand la cheminée est encore chaude ou allumée. Attendre le refroidissement complet (15 à 30 minutes selon les instructions).

Ne jamais renverser ou éclabousser du carburant. Nettoyez toute trace avant d’allumer.

Utilisez des contenants adaptés, avec bec verseur précis, pour limiter le risque de déversement.

Versez lentement, à distance de la flamme, dans un lieu bien ventilé.

Si le brûleur dispose d’un moyen d’extinction manuel, l’utiliser — et vérifier que la flamme est bien complètement éteinte avant de quitter la pièce ou de dormir.

Ne faites pas “topping-up” fréquemment : remplissez pour une utilisation prévue, plutôt que d’ajouter beaucoup de carburant d’un coup.

  • Surveiller et entretenir

Contrôlez régulièrement le brûleur, les dispositifs de sécurité, les joints, l’état de la cuve.

Nettoyez selon les recommandations du fabricant.

Remplacez les pièces usées ou suspectes.

Vérifiez périodiquement l’air intérieur (si possible via un capteur de CO, ou qualité de l’air / CO₂).

  • Précautions supplémentaires

Installez un détecteur de monoxyde de carbone (CO) dans la pièce et dans les zones de circulation (couloirs, chambres proches). Même si les émissions de CO sont généralement modestes, il vaut mieux être alerté.

Si des symptômes de malaise apparaissent (maux de tête, fatigue, nausées, étourdissements) durant l’usage, éteignez immédiatement, aérez la pièce et quittez si nécessaire.

Ne laissez jamais la cheminée fonctionner sans surveillance prolongée, en votre absence, ou pendant que vous dormez, à moins qu'elle ne soit explicitement conçu pour un tel usage (et validé).

En cas d’accident (flamme jaillissante, explosion, projection), la priorité est la sécurité : évacuez, appelez les secours, n’essayez pas d’éteindre avec de l’eau si l’incident concerne de l’alcool — cela peut propager.

  • Bonnes pratiques d’aération de l’habitation

En dehors de l’usage de la cheminée, assurez un renouvellement d’air régulier dans toute la maison (ouvrir fenêtres 5–10 min les jours, ou ventilation mécanique).

Dans les pièces adjacentes, favoriser un chemin d’air (entrée + sortie).

Si possible, utiliser des purificateurs d’air — en particulier avec filtre HEPA ou filtrage des COV — pour atténuer les impacts éventuels.

Surveiller le taux de CO₂ comme indicateur indirect de “stagnation d’air” (au-dessus de 1 000–1 500 ppm, l’air devient trop “chargé”).

Dans les zones de sommeil, éviter d’utiliser la cheminée à proximité directe (si possible, ne pas l’installer dans ou juste à côté d’une chambre).

En définitive

Les cheminées au bioéthanol ne sont pas exemptes de risques pour la santé. Elles émettent bien du CO₂, des NOₓ, des COV et des particules. Mais avec une conception fiable, une ventilation stricte et une utilisation raisonnée, ces risques peuvent être réduits à un niveau acceptable.


Elles ne doivent pas être envisagées comme un système de chauffage principal, mais comme une source de chaleur d’agrément.


Avec une bonne conception, une ventilation stricte, une utilisation prudente, et des précautions de sécurité, ces risques peuvent être maîtrisés jusqu’à un niveau acceptable pour un usage domestique raisonnable.



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